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Les médias vident le sens

20 novembre 2007

Décadence du langage, le mérule du lien social

Serpula lacrymans, après le bois, une nouvelle souche s'attaque au langage... enfin c'est une image.

Un pote, de ceux qui servent de balises à notre propre concience et de garde-fou à nos dérives d'auto-absolution d'immoralité, a écrit un jour, son regard posé sur les autres : "Des gens, en apparence, préoccupés par leurs apparences..." Il compléta même plus tard cette formule par ce jeu de mots final "appâts-rances". C'est vrai que mon gars Lionel n'est pas un marrant ou un optimiste, pas plus lui que Louis Ferdinand Céline, Isidore Ducasse ou autre Coluche, cet humoriste du désespoir, mais ce n'est pas parce que certains humains voient la mocheté du monde qu'elle n'est pas réelle. Bien sûr qu'une vision du monde sans espoir est intolérable néammoins, il y a pire que se complaire au désespoir : c'est dire que, jusqu'à là, tout va bien !!! En bavant devant le dernier téléphone portable qui ne passe pas partout et tout le temps malgré les promesses des commerciaux de moins en moins technico : la "technologie" est devenue le vernis du progrès, une perversion du besoin, un racolage à part de marché, une illusion d'avenir radieux, un miroir aux alouettes consumériste. Ce n'est pas une opinion ni un dogme, c'est un constat sans complaisance. Bien sur je suis le mouvement, faute de mieux, mais en trainant des pieds, dans le douleur, j'ai au moins cette volonté de ne pas courir en avant du troupeau parce qu'au final, çà finira comme dans les charges de cavalerie d'au autre temps devant un barrage de mitraille : c'est le massacre. Mais passons.

Mon propos n'est pas de me repaître d'une énième rengaine franco-française sur le fait que l'enfer c'est toujours la fatalité et les autres mais de faire remarquer -en sociologue amateur de linguistique sur site- les exemples de l'appauvrissement de notre langage qui coïncide (tiens donc !) avec le malaise grandissant de notre société qui est évident, criant. Oui, notre système de communication s'appauvrit, se contentant de quelques locutions tellement vagues qu'elles se vident de tout sens et ne font qu'un brouillage pour remplir du vide. Ce n'est pas un meutre de l'intelligence mais quand même une agonie de substance. Depuis quelques années, certaines expressions se sont imposées (sans l'aval du percepteur) et me saississent (pire qu'un comandement d'huissier), quelques exemples :

- TOUT A FAIT : il y a peu, il y avait mille façon de répondre à une affirmation ou une interrogation comme BIEN SUR, EFFECTIVEMENT, l'anciennement célèbre C'EST CELA ou tout simplement OUI ! Mais TOUT A FAIT doit faire riche, comme dans la montée en gamme des voitures vers un luxe de pacotille (le vrai luxe est d'une autre dimension et d'un autre milieu), TOUT A FAIT pose son auteur, enfin ce doit être vécu comme çà. TOUT A FAIT s'est tellement répandu qu'il phagocyte les autres alternatives à la variété d'expression : il existe un linguistiquement correct comme il existe un politiquement correct ou un consuméristement correct ! Il y a lissage, il est plus facile de gérer une société de clones qu'une variété active mais en terme d'entropie de l'espèce humaine, de transmission génétique, de production de valeur(s), c'est catastrophique. De plus en plus, certains s'inquiètent de la disparition définitive d'espèces qui appauvrissent notre eco-système, la perte de mots du langage, de notre code social qui est la colonne vertébrale de notre culture au sens de patrimoine et continuité de genre est une tragédie soft, un cancer culturel, un alzheimer tribal. Claude Hagège l'avait bien démontré (même s'il existe une exception remarquable, celle-ci fait figure de quasi miracle).

- LES GENS : actuellement, je ne sais plus qui je suis -et je ne suis pas le seul- puisque je fais partie DES GENS... Il n'y a plus que des gens, c'est à dire un magma d'individus portions du tout qui ne sont que ramenet identifiés. Et après, on s'étonne de tout ces problèmes identitaires et du besoin de cellules psychologiques qui ne sont que curatives alors que l'éducatif et le préventif sont oubliés bien que fondamentaux et préalables (pas rentables, surement, trop dans le durable et pas assez dans le court terme pour ne pas duire l'immédiat). Pourtant, les gens qui regardent la télévision sont des téléspectateurs, ceux qui conduisent sont des véhicules sont des chauffeurs, des automobilistes, etc. les gens qui travaillent sont des ouvriers, des techniciens, des cadres, des ingénieurs, etc. ceux qui déambulent dans une ville des piétons, des badauds, etc. ceux qui voyagent des usagers, des clients, des touristes, etc. Et là, il faut bien mettre en cause un milieu qui porte une lourde responsabilité dans cette paupérisation de masse, les médias (il n'est pas question de stigmatiser les journalistes) parce que la formation dans les écoles de journalisme comme les groupes de presse et les vecteurs d'information étant "centralisés" et "formatés", la variété ne risque pas d'irradier. Ce pourrait n'être que dommage ou regrettable, c'est probablement dramatique et, en tous cas, suspect car Les médias étant de plus en plus controlés par des intérêts non collectifs, ne pas le savoir ou faire semblant d'être offusqué est irresponsable.

- UN PETIT PEU : actuellement tout est petit... après, allez vous étonner qu'il, n'existe pas de dynamique dans notre beau pays qui possède pourtant un tel potentiel. mais non, tout est petit. Il fera un peu beau, il tombera une petite pluie, il faut être un petit peu plus ambitieux. Le nombre de gréviste ou les bénéfices seront un petit peu moins important que prévu. Bien entendu, il a toujours existé des expressions avec ce terme : "prendre un petit café", "un brave petit", "l'argent qui fait des petits", mais actuellement tout est minoré, j'ai même entendu récemment citer "un petit nain" et "un peu moins que rien..." fabuleux ! Dans les émdias, comme par hasard. Je me rappelle ma grand-mère qui, quand elle faisait la cuisine, en mettait "un bon peu", il me semble que notre époque n'est pas socialement florissante parce qu'elle n'est pas ambitieuse, pas courageuse, parce que cela sert certainement des intérêts qui n'ont pas besoin "d'intelligences" comme interlocuteurs mais nécessitent seimplement un bon bétail apte à produire et consommer sans se poser de questions (pas la peine qu'elles soient existentielles d'ailleurs). Je ne vis plus beaucoup de personnes qui interpellent, ceci je m'engage beaucoup et prétentieusement parce qu'on ne donne plus vraiment la parole aux iconoclastes dérangeants et, il faudra aussi débarquer de quelques certitudes urbaines, tout le monde n'a pas accès à la toile.

J'aurais bien aime développer (je n'ai pas encore évoqué les expressions EN FAIT et VOILA) mais je dois aller bosser -bien que fonctionnaire- et je ne manquerais pas de développer le propos si cela doit se faire. En fait, je dois retrouver des gens pour faire un petit boulot, je vous rassure, je gagne un petit salaire... oui, oui, tout à fait...voilà.

Salut.

Adhémar HOKAR (de Tours)

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